Niche sensorielle du bébé, ses émotions, et le rôle des hormones chez les enfants

Que veut dire le sourire d'un bébé ? — Nos Pensées

La niche sensorielle

C’est la première étape d’une longue série. Elle sera déterminante. On va dire qu’elle constituera une base plus ou moins solide. Une base, ou plutôt un socle sur lequel se bâtira la suite. Plus le socle sera solide, mieux se sera.

La niche sensorielle débute à la naissance, même si le bébé est déjà familiarisé avec certains sons, notamment la voix de sa mère qu’il a entendu durant plusieurs mois. Il l’a entendu de manière floue, un peu étouffée, mais elle lui sera familière. Celle de son père aussi, si ce dernier a fréquemment parlé près du ventre de la mère.

La niche sensorielle c’est la manière dont le bébé est nourri par ses parents, la façon dont on s’adresse à lui, dont on le nettoie, dont on l’éduque, la manière dont on s’amuse avec lui.

Pour la plupart des parents, il est naturel d’agir ainsi avec son bébé. Bien-sûr. Toutefois, selon l’histoire personnelle des parents, cette niche sensorielle sera plus ou moins stable.

Une mère qui n’aurait pas été choyée, câlinée, caressée, pourrait manquer d’attention et d’affection. Pas d’une manière intentionnelle ou volontaire, ça pourrait juste lui paraître étrange, peu naturelle de s’occuper d’un bébé.

Mais ce n’est pas une règle, plutôt une moyenne. Car paradoxalement, une mère qui n’aurait pas été sécurisée lorsqu’elle était enfant, pourrait être très sécurisante pour son bébé.

La niche sensorielle d’un bébé peut aussi varier selon les croyances ou les valeurs de ses parents. Si un père croit qu’un bébé doit « pleurer pour se faire les poumons », alors il évitera peut-être de rassurer son enfant. Pour information, un poumon n’est pas un muscle ! Il s’agit d’un mythe qui a longtemps perduré, et qui persiste encore aujourd’hui, malheureusement. Une mère qui aura été choyée, avec intérêt et prudence, caressée, accueillie, aimée, aura tendance naturellement à reproduire cela avec son bébé.

Ne pas être calmé, ou apaisé, est insécurisant pour un bébé. Si les parents ont pris l’habitude de s’approcher de lui, de le caresser, de le bercer, de lui parler sur un ton sécurisant, avec douceur, alors c’est une belle niche sensorielle qui se bâtit.

La niche sensorielle sécurisante permet un développement optimal du cerveau du bébé. Les bébés laissés à l’abandon, qui n’ont aucune stimulation sensorielle et relationnelle, cessent leur développement et meurent : c’est ce que nous apprend l’éthologie humaine. Notamment les travaux du neurologue Boris Cyrulnik. Un humain a besoin d’un autre humain pour survivre, pour se construire.

Plus l’enfant jouit d’un attachement sécurisant, mieux il développera ses capacités sociales et adaptatives. Il lui sera facile d’aller vers les autres, ne fuira pas les regards. Il lui sera aisé de s’exprimer, d’entrer en relation avec d’autres adultes que ses parents, et il se dirigera vers les autres enfants, sans crainte. L’enfant sécurisé se sent protégé, soutenu, et peut découvrir le monde. Si la situation devient désagréable ou stressante, il sent qu’on lui viendra en aide.

La sécurité est un besoin primaire, fondamental. Tous les êtres humains, quel que soit l’âge, sont en recherche constante de sécurité. Nous avons besoin de sécurité pour agir. Pour s’endormir, chacun veillera à avoir bien fermé la porte à clef, pour sa propre sécurité et celle de sa famille. Ça fait partie de nous, enfants ou adultes, c’est la base, le socle. Vous ne construisez pas un mur sur un terrain vague, ou en pente, sans avoir pratiqué un terrassement. Pour que tiennent les murs, il faut un socle de qualité.

La niche sensorielle est donc le socle qu’un parent doit offrir à son enfant lorsqu’il vient au monde.

Laisser pleurer un bébé : est-ce vraiment une bonne idée ...

Les émotions du tout petit

Un bébé pleure souvent. Il y a bien quelques exceptions, mais elles sont rares.

Tous les parents savent que les pleures sont le seul moyen du bébé pour signaler un besoin d’être nourri. Mais savez-vous ce qui se passe réellement à l’intérieur de lui à ce moment précis ? Je vais résumer cela dans les lignes qui suivent, et m’attarder ensuite sur des mécanismes biologiques qui sont, trop souvent, pris pour des mécanismes psychologiques.

Il est nécessaire de comprendre que le bébé est un être vulnérable, entièrement dominé par ses instincts et ses émotions.

Nous possédons tous trois cerveaux, ou systèmes bien distincts. Le cerveau reptilien, le cerveau limbique (ou mammalien) et le néocortex.

Le cerveau reptilien est en charge de notre survie. Le cerveau limbique est couramment appelé le cerveau des émotions. Et le néocortex est en charge de la pensée, de la réflexion et l’analyse. Ils ont, c’est évident, bien d’autres fonctions que celles décrites ici, mais passons, ceci étant suffisant pour illustrer mon propos.

Dans les premières années, le néocortex de l’enfant est en pleine construction. Il est immature, il lui reste tout à apprendre.

Le cerveau limbique quant à lui, renferme une petite structure en forme d’amande appelée l’amygdale cérébral. Pour l’instant, elle est très, très réactive.

Le cerveau reptilien, lui, il fonctionne bien. C’est le plus ancien des trois cerveau, il est au point dès la naissance. C’est lui qui va « gouverner », si on peut dire. Nous y reviendrons dans quelques lignes.

Les bases étant posées, je vais aborder les réactions du bébé, notamment les pleurs et les crises de chagrins auxquels tous les parents ont assistés.

D’une manière générale, on pourrait l’exprimer ainsi : le bébé pleure pour appeler à l’aide, signaler qu’il ressent de grandes émotions.

En effet, pour lui et pour le moment, toutes les émotions, toutes les sensations, tous les ressentis, c’est nouveau, c’est étranges et c’est douloureux. Tout ce qui n’est de l’ordre du calme, du plaisir, c’est violent. Le bébé va pleurer à la moindre frustration, au moindre désagrément. S’il ressent de la fatigue, de la faim, de l’énervement, de l’inquiétude, de la peur, de la colère, s’il a trop froid, trop chaud, s’il est gêné par du bruit. S’il ressent de la douleur, bien-sûr il faudra consulter un médecin. Il va aussi pleurer si l’un de ses besoins primaires n’est pas satisfait.

Les besoins primaires d’un bébé sont le besoin de sécurité, d’être nourri, d’être nettoyé, d’affection, de relation aux parents, de calme et de confort.

Arrêtons-nous un instant sur le besoin de sécurité. Il est essentiel pour chacun de nous, quel que soit notre l’âge ! C’est pourquoi quelle que soit l’émotion du bébé, ou son ressenti, pour l’instant, c’est trop bouleversant... parce que c’est insécurisant. Et il ne le fait pas exprès ! Vraiment ! Il n’est pas encore en capacité de relativiser, et donc de comprendre que c’est « normal » de ressentir tout cela.

Le bébé pleure pour être réconforté, « sauvé » du malaise qu’il est en train de vivre.

Quand il vient au monde, un bébé est vulnérable. Il est sous l’ « emprise » de ses émotions et dépendant de l’adulte.

Le bébé a besoin d’un adulte pour être nettoyé, nourri, ou pour être protégé des températures variables. Et toutes ces émotions, tous ces ressentis décris plus haut, ce sont les manifestations de cette grande vulnérabilité.

Revenons au cerveau quelques instants. Souvenez-vous, pour apaiser notre état interne nous devons faire appel à notre réflexion, donc à notre néocortex. Celui du bébé n’étant pas mature, il ne dispose pas des outils nécessaire à son apaisement émotionnel. En fait, chez le bébé, le cerveau reptilien, qui gère sa survie, va constamment interpréter ses émotions, ses ressentis, comme des dangers qu’il faut immédiatement calmer, atténuer. Tout de suite ! Son unique moyen de communication étant la voix, il va pleurer, pleurer jusqu’à retrouver un sentiment de sécurité fourni généralement par les parents, dont l’un des deux est sa figure d’attachement. Une figure d’attachement apaisante et tendrement sécurisante.

Ce qu’il faut retenir de ces explications, c’est qu’un bébé ne manipule pas ses parents au sens où on l’entend. En réalité, il n’en est pas capable. Son immaturité cérébrale ne le lui autorise pas. Les pleurs à répétitions et les décharges de « colère », ou tout du moins ce que nous interprétons comme de la colère, n’est rien d’autre qu’une décharge émotionnelle. Rien d’autre qu’un appel au secours. Rien d’autre qu’une réaction biologique non réfléchie et instinctive. Et dans la grande majorité des cas, cette réaction cessera progressivement en présence d’un parent sécurisant et réconfortant. Mais il est vrai, j’en conviens : un bébé qui pleure, parfois hurle, lorsque son parent quitte la pièce, ça peut donner l’impression d’une manipulation, d’une « crise » qui fait revenir le parent. Or, ça, c’est l’interprétation d’un adulte face à une situation qui le dépasse. D’autant plus que c’est prêter au bébé des « compétences » dont il ne dispose pas encore.

En fait, c’est bien plus simple. La présence de son parent le sécurise, quand vous sortez de la pièce, il est à nouveau insécurisé, son cerveau lui ordonne d’appeler à l’aide. Alors il pleure, il crie. Il est sous l’emprise de son amygdale cérébrale.

Voyons ce qu’est l’amygdale et son rôle dans le cerveau.

Joseph Ledoux, grand neurologue, dont les travaux sont réputés dans le monde entier, décrit l’amygdale cérébrale comme le centre de la peur. Le rôle de cette amygdale est de nous alerter si elle détecte un danger potentiel.

Sa réaction est entièrement physiologique, automatique et inconsciente. Elle survient en moins d’une seconde.

Chez le bébé, l’amygdale va se déclencher pour TOUT CE QUI EST encore inconnu, ou « inexpliqué » (faim, douleur, trop froid, trop chaud, de la solitude, une envie de câlin, le noir, un éloignement de la figure d’attachement, etc.) L’amygdale s’active alors et prévient l’hypothalamus (autre structure du système nerveux central) qui, lui, va alors déclencher la sécrétion des hormones du stress. Ces hormones sont le cortisol et la noradrénaline.

Si on résume, on peut voir que l’amygdale à mis tout en œuvre pour protéger le bébé de ce qu’elle croit être un danger pour sa survie.

Ce sont de réelles épreuves pour le bébé, et c’est là où le rôle des parents est de l’accompagner avec compréhension et amour. S’il se sent accompagné, soutenu, il développera un attachement sécurisant. Son amygdale qui tient un rôle essentiel dans la mémoire à long terme, enregistrera alors, « codera », dans son cerveau qu’il peut se sentir protégé en cas de danger.

Donc, pas de manipulation (ou de caprices) possible à cet âge-là dans le fait de pleurer, parfois de manière répétitive et « démesurée ». Juste un phénomène physiologique inconscient, automatique, déclenché dans son organisme. Le bébé ne peut avoir d’intention malveillante et manipulatoire envers ses parents. C’est important de le savoir, cela évitera de perpétuer l’existence de mythes irrationnels et faux.

Lorsque l’enfant sera en âge d’apprendre la parole, de comprendre, le parent pourra alors mettre des mots sur ses ressentis. Et bientôt il saura les exprimer lui-même, et s’apaiser, seul.

Neurotransmetteur: définition et explications

Les hormones et les neurotransmetteurs

Je vais maintenant vous parler de ces molécules chimiques qui circulent dans le corps du bébé, ou du « petit enfant », qu’on appelle hormones et neurotransmetteurs. Vous allez comprendre leur importance.

Pour moi, on a beaucoup trop « psychologisé » les comportements des bébés, et d’une manière générale ceux de l’être humain. Les pratiques psychothérapeutiques négligent souvent l’aspect biologique de l’humain, psychologisant ce qui, à mon sens, est souvent de l’ordre de la chimie.

C’est un point de vue qui résulte de mes recherches personnelles, pas une vérité absolue.

Une hormone est une substance chimique libérée par une glande endocrine. Les glandes endocrines sont des glandes qui sécrètent des hormones. On ne peut pas faire plus simple comme définition. L’hormone, une fois libérée, passe un message chimique à un organe. La discipline qui étudie les hormones est l’endocrinologie.

Les hormones que nous allons aborder dans ce chapitre sont le cortisol et l’ocytocine. L’hormone du stress et l’hormone de l’amour. Beau programme.

Un neurotransmetteur est un signal chimique hormonal qui communique d’une aire du cerveau à une autre. Tandis que l’hormone est libérée par une glande, le neurotransmetteur, lui, est sécrété par un neurone.

La dopamine est un neurotransmetteur. Son rôle est de faire naître en nous l’envie, le désir, la motivation. La sérotonine en est un autre. Si nous en produisons suffisamment nous nous sentons bien. C’est le neurotransmetteur du bien-être.

Pour résumer, le cortisol, l’ocytocine, la dopamine et la sérotonine sont des hormones et des neurotransmetteurs sécrétées par les glandes et les neurones. Elles modifient la chimie du corps, les émotions, les sentiments, les ressentis et donc les attitudes des êtres humains.

Pourquoi est-il si important de connaître le rôle de ces molécules pour éduquer un enfant ? 

Pour plusieurs raisons. J’en retiens deux dans ce chapitre. La première étant que selon nos mots, nos sentiments à l’égard de l’enfant, et nos comportements, la production de ses hormones va largement varier. La seconde est que l’une d’entre elles, le cortisol, produit à forte dose est une hormone nocive pour le cerveau.

Connaître le rôle, le mécanisme chimique de ces molécules, et les raisons pour lesquelles elles sont libérées dans l’organisme nous permet de réguler les émotions et les ressentis de l’enfant. C’est une chance que les parents ont sous la main aujourd’hui, grâce aux travaux des neurosciences affectives.

Nous allons voir comment ses molécules chimiques sont libérées dans le corps de l’enfant, et en quelles occasions. Restez, c’est passionnant !

D’abord la dopamine. Cette molécule intervient dans le système nerveux central et joue un rôle important dans la motivation, les récompenses, la mémorisation et le sommeil. Un petit enfant qui voit un paquet de bonbons dans le placard de la cuisine va immédiatement le désirer parce que son cerveau reconnaît l’objet et libère de la dopamine. Ça marche pour tout ce qui procure du plaisir. Vous lui promettez un dessert au chocolat, il se le représente dans son imaginaire, son organisme sécrète une dose de dopamine. Dans ce cas spécifique, la « promesse du dessert » motivera l’enfant à « aller » au bout du repas, pour avoir son dessert. Il se sent bien, il est heureux, son corps libère de la sérotonine.

La sérotonine est, comme je l’ai dit plus haut, la molécule du bien-être. Lorsqu’on en produit suffisamment, on est bien. On a une humeur joviale, on n’est pas déprimé et on dort bien. Elle module aussi nos comportements d’agressivité.

Gardons l’exemple du dessert. Le petit enfant rechigne à terminer son assiette et vous décidez de ne pas lui donner le dessert tant attendu. Aussitôt se produit une réaction chimique dans son organisme : une chute brutale de dopamine qui entraîne la déception. S’ensuit alors immédiatement une production de cortisol.

Le cortisol est l’hormone du stress. A dose « normal », elle est nécessaire, primordiale. Durant l’évolution, c’est à elle que nous devons le fait d’avoir fui face à des prédateurs. Elle est responsable de notre survie.

A forte dose, le cortisol est nocif pour le cerveau, notamment pour l’amygdale cérébrale. Nous y reviendrons dans le prochain chapitre ; lequel sera consacré au stress.

Le cortisol va alors créer une sensation de panique dans l’organisme de l’enfant qui va commencer à ressentir des émotions pénibles. Son hypothalamus va croire à un danger. Le petit va se mettre à pleurer. Peut-être même fera-t-il une « crise » qui, c’est dommage, est souvent prise pour un « caprice ». Mais à vrai dire, pour un petit enfant ( de moins de 3 ans), il n’y a pas de caprice. Caprice est un mot « collé » sur une attitude que nous, adultes, comprenons mal. La décharge émotionnelle à laquelle vous assistez n’est en rien un caprice, ou une « comédie ». Il s’agit bel et bien d’une réaction chimique, biologique, que le petit enfant ne sait pas apaiser par ses propres moyens. Son néocortex n’en est toujours pas capable. Comme pour le bébé, la « zone » frontale de son cerveau étant encore immature, il a besoin d’un adulte.

Et alors ça nous amène à cette jolie molécule : l’ocytocine.

L’ocytocine est la molécule de l’amour, du lien, de l’attachement… Elle est probablement l’hormone la plus étudiée au monde. Tous les plus grands spécialistes s’y sont penchés. Neuroscientifiques, psychiatres, éthologues…

Lorsqu’elle est sécrétée, elle entraîne immédiatement la sécrétion d’autres molécules. Parmi elles, la dopamine et la sérotonine. Un câlin, des caresses, des mots tendres permettent, par exemple, à l’organisme de libérée de l’ocytocine. Pour le câlin, s’il est affectueux, il ne faut pas plus de sept seconde afin que l’organisme de l’enfant, et le vôtre, sécrète de l’ocytocine.

Elle a un rôle de stabilisateur d’humeur. Elle apaise, elle calme. Et vous savez pourquoi ? Elle fait baisser le taux de cortisol dans l’organisme. Elle réduit le stress.

Vous savez maintenant le rôle des hormones et des neurotransmetteurs dans le corps de l’enfant.

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