L'oubli de la biologie et de l'activation physiologique

Évolution de la chimie organique depuis 1900 - La Jaune et la Rouge


J’échange avec de nombreux psychologues ou psychopraticiens, et je réalise que très peu d’entre eux accordent de l’importance à la biologie. Entrez dans des forums d'échanges, vous verrez. Que ces échanges aient lieu entre psychologues, hypnothérapeutes ou entre praticiens d’autres disciplines psychologiques, le problème est le même. 


Je ne dis pas qu'il s'agit d'une absolue généralité, mais c’est ce que j’ai constaté. C’est un peu à la toute-puissance de la psyché. Tout se passe en haut, et si quelque chose ne va pas dans ton corps, c’est la manifestation d’un problème psychique. 

Et ce n’est pas totalement étonnant. En France, d’une manière générale, nous restons très Freudien.

Je ne suis pas en train de dire que la psyché n’a pas un rôle dans le développement ou le maintien de certaines problématiques physiques, pas du tout. Il est avéré que des troubles émotionnels ont un impact sur la biologie. Je ne remets pas cela en question. Je dis juste que souvent, dans le monde de la psychologie, on oublie que l'humain est ancré dans la biologie. Que l’être humain, c’est à la fois une psyché et un organisme chimique complexe.

En fait, le rôle de l’organisme est immense. Et d’une manière générale, on peut dire que toute action psychique peut-être influencée par la physiologie, l’état de l’organisme. Tout ce que nous pensons, ressentons, éprouvons ou faisons, dépend toujours plus ou moins de l’état de notre organisme.

Ce qu’on a beaucoup entendu avec la psychanalyse et donc, la psychologie clinique, c’est que la psyché a un impact sur le corps. C’est clair, mais on a oublié de dire à quel point le corps a un impact sur la psyché.

Un jeune enfant se retrouve face à un serpent alors qu’il se promène avec ses parents en forêt. A la vue de l’animal, l’enfant s’enfuit en hurlant. Ce n’est pas psychologique, mais purement cérébral. La psyché n’a aucun lien avec ce comportement. Il est simplement inscrit dans le cerveau de l’enfant que le serpent est potentiellement dangereux. Il n’a pas eu besoin de réfléchir. Il a utilisé sa "voie courte". J'en ai déjà parlé dans un précédent article.

Freud ne serait pas de cet avis...

Et alors nous savons que cet événement a automatiquement inondé l’enfant de cortisol et d’adrénaline. Ces hormones auront un impact certain sur les comportements de cet enfant, ses attitudes ou réflexions, même une heure après.

Notre système nerveux autonome est chargé de réguler le fonctionnement de nos glandes endocrines, de notre cœur, de nos vaisseaux sanguins, de notre respiration, de notre système digestif et de la dilatation de nos pupilles. C’est la part totalement inconsciente et automatisé de notre être. Elle contient deux systèmes, le sympathique et le parasympathique. Ils sont en relation directe avec nos émotions et nos sentiments. De ce fait, lorsque ces systèmes entrent en action, cela produit une activation physiologique. Et s’il est vrai que nos émotions permettent l’entrée en action de ces systèmes, il est tout aussi vrai que l’activation physiologique augmente l’intensité des émotions et des sentiments.

Pour résumer, une émotion très intense peut l'être sans lien avec un souvenir spécifique. Si le praticien n’a pas connaissance de cette notion d’activation physiologique, il aura tendance à chercher du côté de la psyché, c’est logique. Il se peut même qu’à force de recherches, le patient finisse par « trouver » une explication. En effet, le cerveau étant pré-câblé pour donner des explications à ce qu’il ne comprend pas, il le fera. Mais elle sera inexacte.

Si notre système sympathique est activé et qu’une situation nous irrite, nous éprouverons plus facilement de la colère. Sans que, pour autant, la situation vécue ait réveillé en nous un élément enfouit du passé.

Si je vais dans une soirée, et que je produis beaucoup d’adrénaline, je rirai davantage avec mes amis. Si j’y vais en ayant pris un anxiolytique, je rirai moins, sans que la psyché y soit pour quelque chose.

Résultat, on peut dire que l’intensité de mes émotions, de mes sentiments, est à la fois influencée par la manière dont je pense que par mon degré d’activation physiologique.

Nous vivons, évoluons tous dans un quotidien envahi de stresseurs. Sauf que nous ne les prenons pas forcément pour des stresseurs. Nous sommes tellement habitués à les "fréquenter", que nous ignorons leur impact sur nous.

Les stresseurs du quotidiens, et les substances psychostimulantes, sont les suivants : la caféine, la nicotine, les amphétamines, les cures de vitamines à hautes doses, les bruits répétés, les embouteillages, la surpopulation, l’hyperventilation, l’hypertonie musculaire prolongée, etc.

Prenons l’exemple de la caféine. Il est bien connu qu’une surconsommation de caféine entraîne des symptômes typiques des troubles anxieux. Nervosité, tachycardie, agitation, soubresauts musculaires, pensées « éparpillée », fatigabilité ou troubles intestinaux.

Donc, si l’on se réfère exclusivement à la psychanalyse, que beaucoup d’universités enseignent en licence et master de psychologie clinique (en France), on peut facilement se perdre dans des recherches de causes psychologiques. 

Le même phénomène se produit avec les sons. Parce qu’il est câblé pour nous mener vers la survie de manière automatique et inconsciente, notre cerveau interprète des sons violents et répétitifs comme un danger. Lequel danger nous met sur le qui-vive. C'est le résultat de centaines de milliers d'années d'évolution. 

Les sons inquiètent notre cerveau. Il produit de manière accrue de l'adrénaline dans notre organisme, et celle-ci modifie nos réactions face à des situations qui nous sont pourtant familières. 

Enfin... Je trouve essentiel à la pratique de la psychothérapie de s’être plongé dans l’étude de l’organisme, et plus spécifiquement des systèmes sympathique et parasympathique. Quand on souhaite accompagner des personnes, il est clair que se limiter à des connaissances psychologiques est un frein. Nos systèmes de lectures de la psyché humaine doivent s’étendre, c’est ce qu’enseignent les écoles de thérapie cognitives et comportementales.

L’humain est un tout, et ce « tout » englobe de la psychologie et de la chimie.

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